Evaluation de l’utilisation de la voie intra-osseuse en médecine d’urgence pré-hospitalière


La perfusion intra-osseuse constitue une alternative salvatrice fiable à la voie veineuse périphérique classique dans les situations d’urgence vitale. De ce fait, elle est intégrée aux dernières recommandations internationales de prise en charge de l’arrêt cardiorespiratoire, en pédiatrie comme accès vasculaire de premier choix et chez l’adulte au même rang de priorité que l’abord vasculaire veineux.

Nous avons rapporté, dans ce travail, les résultats de l’étude menée par le SMUR de l’hôpital Necker – Enfants Malades à Paris évaluant l’utilisation de la voie intra-osseuse au moyen du dispositif motorisé en médecine d’urgence pré-hospitalière dans des populations adulte et pédiatrique. Ces résultats ont permis de confirmer un taux de réussite élevé de cette technique (93,2%) ainsi qu’un faible nombre de complications, toutes mineures.

Notre étude a permis de recenser 44 cas (37 adultes et 7 enfants) de pose de voie intra-osseuse sur une période de 31 mois. 

Les indications nécessitant la mise en place de la VIO étaient : 
 L’arrêt cardio-respiratoire (33 cas soit 75% dont 30 adultes et 3 enfants), 
 L’état de choc (8 cas soit 18,2% dont 5 adultes et 3 enfants), 
 Les brûlures (2 cas soit 4,5% dont 1 adulte et 1 enfant), 
 Les convulsions (1 adulte soit 2,3%). 

Dans la sous-population pédiatrique, les indications se répartissaient de manière plus homogène entre l’ACR (3 cas) et les autres indications non ACR (4 cas). 
Parmi les patients ne présentant pas d’ACR, 4 étaient conscients, avec un score de Glasgow à 15. Sur ces 4 patients adultes, 2 ont bénéficié d’une analgésie lors de la mise en place de la perfusion intra-osseuse (analgésie sous-cutanée ou anesthésie par lidocaïne 20 mg injectée par PIO) ; pour aucun des 4 patients il n’a été rapporté de comportement en lien avec une possible sensation douloureuse. 

La durée des tentatives d’accès vasculaire avant la décision de mettre en place une VIO avait une médiane de 2 minutes (0 – 4). Dans la sous-population de patients en ACR cette médiane était de 1 minute ; elle était nulle dans la sous-population pédiatrique. Dans 68,2% de la population totale et 69,7% de la sous-population de patients en ACR, la VIO intervenait au maximum en 2ième intention dans la tentative d’abord vasculaire. Cinq patients pédiatriques (71,4%) ont reçu une PIO en 1ière intention. 
Pour 4 patients ne présentant pas d’ACR la mise en place de la voie intra-osseuse a été décidée dès le début de la prise en charge (en 1ière intention) ; 3 étaient des enfants entre 0 et 6 mois en état de choc ou brûlés et la dernière était une jeune fille de 22 ans, polytraumatisée, en état de choc, avec un accès délicat au lieu d’intervention. 

Le taux de réussite à la 1 ère tentative était de 86,4% et 41 patients (35 adultes et 6 enfants) ont pu bénéficier d’une VIO fonctionnelle (93,2%). 

Quatre complications pré-hospitalières ont été retrouvées (3 déperfusions accidentelles et 1 extravasation sous-cutanée). Parmi les 15 patients hospitalisés avec leur dispositif intra-osseux, 2 patients ont présenté une complication hospitalière (déperfusion accidentelle ou extravasation sous-cutanée). 
Aucune complication majeure, pré-hospitalière ou hospitalière n’a été observée

Nous espérons que l’ensemble des réflexions tirées de cette étude concernant l’incidence et la performance de la voie intra-osseuse ainsi que les modalités pratiques de son utilisation, pourra servir à assurer une meilleure prise en charge des situations d’urgence vitale.

VICENS Frédérique, urgentologie.com